Actualité - 24 septembre 2021

Parole de Directeurs >>> Véronique Stoll

Véronique Stoll
Parole de... est une rubrique qui recueille le témoignage des directeurs membres du réseau CollEx-Persée. L’objet de cette série est de recueillir leur perception de la dynamique du dispositif CollEx-Persée en rapport avec leurs pratiques au sein de leurs établissements. En trois questions :

Comment analysez-vous le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?

Les enjeux auxquels s’est d’emblée confronté le GIS CollEx-Persée étaient multiples. Successeur des CADIST et promoteur de collections d’excellence, il devait répondre à la question du financement des politiques ambitieuses d’acquisitions des établissements habitués aux subventions CADIST. En même temps, porteur d’une vision renouvelée des relations entre bibliothèques et chercheurs, il souhaitait déplacer l’excellence des collections aux services rendus aux chercheurs.

Les modes de financements mis en place et les groupes de travail réunis ont permis de répondre à cette double problématique. Il ne fallait pas oublier les collections, inscrites dans l’ADN des bibliothèques, mais il s’agissait d’aller plus loin, en les mettant systématiquement en relation avec un public de chercheurs. En mettant l’accent à la fois sur les ressources numériques de niche, sur la fourniture de documents, et sur la numérisation et les services à la recherche, CollEx-Persée a vu large et a eu raison de le faire.

Comment la Bibliothèque que vous dirigez a-t-elle mis en œuvre le dispositif ?

L’Observatoire de Paris étant un établissement à taille humaine, les contacts entre chercheurs et bibliothécaires pré-existaient naturellement. De plus, la Bibliothèque est étroitement liée au Conseil scientifique, est membre des instances décisionnelles et participe à la fois aux réunions concernant les services communs et à celles concernant les laboratoires. La communication avec les laboratoires en ressort grandement facilitée, les attentes des chercheurs sont connues et la Bibliothèque est en mesure d’y répondre de manière agile.

La Bibliothèque de l’Observatoire a candidaté à tous les appels à projets CollEx-Persée et en a été lauréate à trois reprises. Dans le premier cas, il s’agissait d’un projet de numérisation portant sur des observations anciennes du Soleil et de Jupiter, contenues sur des bobines de film anciennes. Dans le deuxième cas, nous avons travaillé avec l’UGA pour lancer un projet innovant de bibliométrie, centré sur la mesure de l’audience des thèses dans nos disciplines communes. Enfin, dans le troisième cas, nous aurons à construire une résidence avec un chercheur en histoire des techniques qui nous a sollicités en raison de l’importance des fonds d’archives et d’instruments que nous conservons.

Grâce à ces projets CollEx-Persée, la Bibliothèque a pu aller plus loin dans sa relation avec les chercheurs en astronomie et histoire des sciences, qu’ils soient de l’Observatoire ou d’autres entités : elle a pu lier expertise technique et financements nécessaires à la mise en œuvre des projets. Elle a ainsi accru son rôle de co-porteuse de projets de recherche et est régulièrement sollicitée pour des interventions en France et à l’étranger.

Quelles seraient vos attentes pour la suite de la durée du GIS ? Et au-delà ?

Nous espérons que CollEx-Persée va pouvoir, sur la durée, répondre à l’ensemble des enjeux qui se présentent, tout en prenant en compte la diversité des établissements, l’excellence des collections, et, bien entendu, le lien avec les chercheurs. Etant une des rares représentantes des sciences dures, la Bibliothèque de l’Observatoire de Paris peut contribuer à l’inclusion de l’ensemble des disciplines de recherche.

Toutefois, nous nous inquiétons des évolutions de CollEx, ainsi que de la place qui sera laissée aux bibliothèques aux moyens humains modestes. Les appels à projets successifs accaparent une part non-négligeable de ressources humaines, effort peu soutenable sur le long terme. L’esquisse des grands programmes nationaux semble de ce fait difficilement atteignable sans une taille d’équipe critique.

Nous apprécions cependant l’échange d’informations que les réunions du GIS permettent. La création d’un groupe de travail sur la préservation numérique semble, à cet égard, constituer une avancée, et nous espérons que cette question, encore souvent délaissée ou traitée de façon artisanale, progressera à un niveau national par ce biais. Avec des financements importants et prévus sur la durée, il sera même possible de passer de l’échange de bonnes pratiques à la réalisation d’outils adéquats, pensés de façon globale.

Véronique Stoll

Directrice

Bibliothèque de l’Observatoire

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