Parole de chercheur >>> Thomas Faucher et Marie-Delphine Martellière

« La possibilité de fournir simplement des outils performants à la communauté scientifique »

Les archives de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire possèdent possèdent un lot d’archives inédites du numismate Marcel Jungfleisch (1879-1958). Cette série de 4 boîtes ne contient pas moins de 17000 fiches manuscrites, classées par ordre alphabétique, recensant tous les numismates jusqu’à la première moitié du 20e siècle. Une notice laissée par l’auteur en 1949 nous apprend que Marcel Jungfleisch a voulu laisser à la communauté des numismates, après des décennies de labeur, un outil de travail tout à fait remarquable puisqu’il n’existe aucun équivalent.

À une époque où la recherche d’un pédigrée d’une monnaie permet de retracer son histoire, quelque fois jusqu’à sa découverte, établir une liste des grands collectionneurs de monnaies n’est en effet pas dénué d’intérêt. Cela l’est d’autant moins que de grandes collections publiques possèdent des registres d’inventaires permettant de recréer, de manière virtuelle, des collections aujourd’hui dispersées. C’est le cas du département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France, qui conserve le registre des acquisitions des monnaies depuis le 18e siècle. Grâce au soutien du GIS CollEx-Persée, ce fonds de la BnF, déjà numérisé, a été entièrement intégré en base de données, permettant de reconstituer instantanément des collections aujourd’hui réparties dans les médailliers. Cela présente encore plus d’intérêt qu’il sera possible, à la fin du projet, de lier la base de données Numismates, aux grands ensembles des cabinets des médailles d’Europe et des Etats-Unis, offrant ainsi un outil d’intérêt majeur pour les chercheurs.

La base de données Numismates comporte près de 16 000 entrées, issues des archives Jungfleisch, dédiées chacune un individu. Ces entités sont liées à des identifiants pérennes (IdRef, ISNI, ark, Wikipedia, etc.), permettant de présenter automatiquement une bibliographie, des archives, une photographie ou un portrait des personnes répertoriées. Ce projet, définitivement ancré dans les Sciences ouvertes, bénéficie d’un environnement logiciel créé au cours d’un projet antérieur, similaire mais plus restreint dans le temps et dans le sujet, car centré sur les échanges épistolaires des numismates jusqu’à l’année 1750. Ce projet, Fontes Inediti Numismaticae Antiquae, dirigé par l’Académie autrichienne des Sciences est à l’origine de l’interface Wikidata, qui sert de socle à la base de données Numismates.

Ce programme n’aurait pu voir le jour sans le soutien du CollEx-Persée. Le financement permet de créer une synergie entre un chercheur et un ingénieur (Marie-Delphine Martellière) tout en ayant la possibilité de faire appel à des spécialistes extérieurs (Marie Charbonnel pour la mise en place spécifique sous Wikidata). N’ayant pas comme unique but la recherche, autour d’un thème exclusif, les projets CollEx-Persée donnent la possibilité, de plus en plus rare, de fournir simplement des outils performants à la communauté scientifique mais aussi à un plus large public.

Thomas Faucher, Directeur

et Marie-Delphine Martellière, ingénieure,

Centre d’Études Alexandrines

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