#FocusLabel Une amulette contre l’épilepsie vient enrichir les collections de la Bnu

Il s’agit ici d’un placard typographique illustré qui porte le titre de « Fraißbrief » ou « lettre d’épilepsie ». En réalité, cet écrit témoigne d’une pratique magique très répandue en Europe et qui a perduré longtemps puisque l’exemplaire récemment acquis par la Bnu date vraisemblablement de la première moitié du 19^e siècle.

Ce type de feuillet était utilisé comme un remède populaire pour guérir toutes les maladies qui se manifestaient par des crampes et tout particulièrement celle, très redoutée, de l’épilepsie, associée à des manifestations de possession maligne. Issu du vieux haut allemand, le mot Fraiß signifie « douloureux, effrayant ».

Ce document témoigne de la peur générée par la maladie dont les formes sont longuement énumérées : crampes « froides », liées à des tremblements, accompagnées de hurlements ou bien au contraires silencieuses… Mais c’est aussi un acte de prière qui place directement le malade sous l’autorité de la sainte-trinité. Signe de l’influence de la foi protestante à Strasbourg, il ne comporte aucun appel à l’intercession des saints.  Paradoxalement, ce feuillet est donc à la fois une profession de foi chrétienne qui indique au malade la manière de faire une « bonne mort » et le témoin de superstitions et de pratiques magiques encore vivaces.

La manière de procéder est indiquée dans le dernier paragraphe : il faut lire trois fois les prières et invocations au-dessus du malade de l’épilepsie, l’appeler par son nom puis poser la lettre sur sa poitrine « jusqu’à ce qu’un changement s’opère, vers la vie ou vers la mort. »