Jacques Doucet (1853-1929), s’est constitué en treize années, de 1916 à 1929, une bibliothèque littéraire d’exception, ayant présente à l’esprit l’idée de transmettre à la postérité un outil de travail capital pour la connaissance de l’histoire littéraire de son temps. En véritable novateur, il ne se contente pas de collecter l’œuvre achevée, l’édition rare, mais il cherche à y joindre le manuscrit, les lettres de l’auteur, les épreuves corrigées, tout élément qui permette d’en suivre la formation et l’élaboration. Pour reprendre l’expression de Blaise Cendrars, cette collection est le fruit d’une « relation manuscrite de Jacques Doucet » aux écrivains dont il s’est entouré, aussi divers qu’André Suarès, Pierre Reverdy, Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars, Raymond Radiguet, André Breton, Louis Aragon, Robert Desnos et bien d’autres encore.
Les collections n’ont cessé de se développer depuis lors, autour de la littérature française la plus exigeante : sont ainsi entrés les fonds Gide et Léautaud d’abord, puis Mallarmé, Reverdy, Breton, Tzara, Leiris, Desnos, Éluard, Péret, Ribemont-Dessaignes, Gilbert Lély, Nicolas de Staël, Valéry, Suarès, Mauriac, Malraux, Louise de Vilmorin, Adrienne Monnier, Jean Schlumberger, Rose Adler, Henri Calet, René Clair, André Derain, Marie Laurencin, André Frénaud, Jules Supervielle, Francis Ponge, Henri Hoppenot, Marcel Jouhandeau, Edmond Jaloux, Saint-Pol-Roux, Louis Pergaud, Rachilde. Le fonds Breton connaît un enrichissement important avec les achats réalisés lors de la vente en 2003 des collections du 42 rue Fontaine, et grâce aux dons très importants dus à la générosité d’Aube Elléouët-Breton.
Les collections s’accroissent d’archives d’écrivains et de philosophes, de revues, de mouvements littéraires et d’artistes du livre : ainsi en va-t-il de Cioran, Ghérasim Luca, Jacques Dupin, Bernard Noël, Robert Pinget, Jean-François Lyotard, Claude Simon, Claude Roy, Bernard Vargaftig ou Salah Stetié ; sont également conservées les archives de Tel quel, des ensembles autour de la Pataphysique, du lettrisme, des fonds d’imprimeurs – créateurs. Récemment les archives de Jean Echenoz et celles de Laurent Mauvignier sont entrées dans les collections, en accentuant encore le caractère toujours vivant.
La politique d’acquisition se recentre aujourd’hui sur des pièces ou des ensembles exceptionnels visant à enrichir les fonds des précurseurs de la modernité et des surréalistes, ou permettant de créer de nouveaux fonds contemporains, dans un esprit d’exigence et d’attention aux avant-gardes qui renouvelle le geste inaugural de la collection Doucet.
Manuscrits : 200 000 ; Livres imprimés : 45 000 ; Périodiques : 800 titres ; Reliures d’art : 3000 ; Œuvres d’art : 5.250 (gravures, tableaux, photographies)
Objets mobiliers : près de 200 objets mobiliers dont une trentaine de meubles d’écrivains (bureaux Breton, Valéry, Leiris, Bergson, Cioran)