Parole de chercheurs >>> Laurent Lamy

Numériser des données astronomiques contemporaines

L’astronomie est une science du temps long, où le temps pour concevoir un instrument, le construire, l’installer ou le lancer (quand il s’agit d’une sonde spatiale), le tester et l’exploiter scientifiquement peut durer plusieurs décennies. Plusieurs générations d’astronomes peuvent ainsi travailler sur un même projet dont la durée de vie recouvre ou dépasse leur carrière.

Le grand Réseau Décamétrique de Nançay a ainsi été pensé dans les années 1970 et construit entre 1975 et 1977 à la station de radioastronomie de Nançay, unité scientifique de l’Observatoire de Paris implantée dans la forêt de Sologne. Il a démarré ses observations de routine en 1978 en soutien aux sondes Voyager (lancées en 1977 et à ce jour les objets les plus lointains lancés par l’être humain dans l’espace) et a fonctionné sans discontinuer depuis. A l’aide de son réseau de 144 antennes spirales fixes de 9m de haut, ce radiotélescope observe quotidiennement dans la gamme radio basse fréquence (10-100 MHz) des émissions en provenance du Soleil et de Jupiter. Il a été précédé par l’Interféromètre Décamétrique de Nançay à deux antennes, qui a observé les mêmes cibles de 1970 à 1977.

Aujourd’hui, les données acquises par ces deux instruments forment la plus longue base d’observations radioastronomiques de ces objets au monde.

Cependant, les supports de conservation des données ont évolué avec le temps et l’acquisition des données au format numérique n’a démarré qu’en 1990. Pour les deux décennies précédentes, les observations étaient acquises sur plusieurs formats analogiques, dont des films 35mm.

Grâce au soutien essentiel du GIS CollEx-Persée, nous avons pu financer la numérisation d’une collection unique de 1500 films 35-mm (soit ~45km de pellicule) afin de les réhabiliter scientifiquement et patrimonialement. Les données numérisées, dotées de métadonnées standard, viendront compléter la base de données distribuée à la communauté scientifique tandis que les films ont été reconditionnés dans des supports aux normes modernes de conservation avant leur archivage dans une salle de conservation définitive. Le succès de ce projet a reposé sur la synergie entre l’équipe scientifique de l’instrument (montage du projet, inventaire, analyse scientifique des données et mise en base), la bibliothèque de l’Observatoire de Paris (cahier des charges, normes de conservation et archivage) et sa division informatique (hébergement et mise-à-disposition en ligne des données), soit une équipe de 14 personnes.

Pour plus de détails sur ce projet, le lecteur est invité à consulter le site dédié : https://archives-decametriques.obspm.fr/ 

Laurent Lamy

Astronome-adjoint 

Responsable Scientifique du Réseau Décamétrique de Nançay

LESIA, Observatoire de Paris

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