Parole de chercheurs >>> Konstantin Protassov

CHRONOSPEDIA, un projet CollEx iconoclaste

Pour pallier l’absence de certains pans de l’horlogerie ancienne dans l’enseignement contemporain et préserver les savoir-faire des derniers horlogers formés sur ces techniques, la création d’une encyclopédie nous est apparue comme un outil de sauvegarde évident. Mais sa réalisation est d’autant plus compliquée que la documentation écrite, éparpillée et mal structurée, n’est qu’une partie des données à regrouper.

La solution mise en place dans le cadre du projet, s’appuie sur deux éléments clefs : la formalisation d’une grande partie de savoir-faire horloger à travers des modèles 3D des mécanismes (technique développée par le Maître d’Art en Horlogerie François Simon-Fustier), et la création d’une grande collaboration scientifique et culturelle avec de nombreux laboratoires de recherche et des musées d’horlogerie. Un tel travail n’est envisageable que si les données et les fruits de cette collaboration se trouvent dans le domaine ouvert non protégé par les licences et brevets et d’autres « secrets professionnels ». Cette approche de science ouverte tellement naturelle pour le monde universitaire s’inscrit également dans la mission de diffusion des savoirs et de transmission, commune aux universités et aux lycées mais également aux musées.

Le rôle des bibliothèques universitaires et plus généralement des services IST dans un tel projet est vital car ils ont à la fois une capacité de sauvegarde « éternelle » des savoirs mais aussi des outils et de l’expérience dans l’archivage des données nécessaires pour un projet qui vise à regrouper des bases de données aussi hétérogènes que les modèles 3D, les inventaires des musées, des documents publiés et manuscrits, des vidéos mais également des enregistrements sonores tellement indispensables en horlogerie.

Le projet de CollEx-Persée CHRONOSPEDIA, touche à un domaine qui fit rayonner la France au siècle des Lumières. Trois cents ans après les travaux de Diderot et d’Alembert, la préservation de ses savoirs nécessite de mobiliser les compétences scientifiques du vingt et unième siècle : l’imagerie avec des neutrons ou avec la lumière, le traitement des images, la production de modèles 3D, la réalité virtuelle… En corolaire, il nous oblige d’aborder les problématiques d’archivage et de structuration des bases de données qui doivent pourvoir être utilisées dans les études historique et culturelles mais également dans l’enseignement et dans la restauration/conservation des objets patrimoniaux.

Konstantin Protassov 
Professeur
Université Grenoble Alpes

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