La bibliothèque Marguerite-Durand (« BMD ») est une bibliothèque dédiée à l’histoire des femmes, du féminisme et du genre, faisant partie du réseau des bibliothèques patrimoniales et spécialisées de la Ville de Paris.
Elle demeure aujourd’hui la seule bibliothèque publique française exclusivement consacrée à l’histoire des femmes, au féminisme et, depuis quelques années, aux études de genre. Elle est partenaire et membre fondateur des Archives du Féminisme à Angers.
La bibliothèque est bien connue des chercheuses et chercheurs en France et à l’étranger. Abritée depuis sa fondation & jusqu’en 1989 dans la mairie du 5e arrondissement, elle est maintenant située dans le 13e arrondissement dans le même bâtiment que la Médiathèque Jean-Pierre Melville.
Le 31 décembre 1931, le Conseil municipal de la Ville de Paris acceptait le don des collections réunies par Marguerite Durand (1864-1936) tout au long de sa vie et avait ainsi créé le premier « Office de documentation féministe » français.
Ancienne comédienne devenue journaliste et féministe, Marguerite Durand avait fondé en 1897 le quotidien La Fronde, exclusivement rédigé et géré par des femmes. Le Bulletin municipal officiel qui notifiait l’acceptation de cette donation désignait les collections comme un ensemble de documents « se rapportant à l’activité intellectuelle de la femme et à sa situation légale, politique et sociale, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours ».
La création de la bibliothèque allait donner une reconnaissance officielle aux revendications féministes et à l’histoire des femmes une « visibilité ».
Présentation des collections de la bibliothèque :
- 45 000 livres et brochures depuis le XVIIe siècle, sur le féminisme (histoire des luttes, biographies de militantes, théorie féministe, etc.), mais aussi sur la place et le rôle des femmes dans la société, les arts, les sciences, les sports ou les voyages.
La bibliothèque est aussi très riche en éditions originales d’œuvres littéraires écrites par des femmes.
Parmi les ouvrages précieux, on peut citer Observations diverses sur la stérilité, perte de fruict, fécondité, accouchements et maladies des femmes (1609) de Louise Bourgeois, sage-femme de Marie de Médicis ; De l’Egalité des deux sexes (1673) de François Poullain de la Barre, premier grand « féministe » moderne ; les œuvres d’Olympe de Gouges, auteur en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
- 1 200 titres de périodiques féminins et féministes, militants et de recherche, depuis le XVIIIe siècle (dont 124 titres qui sont des unica), avec des titres très rares, comme La Spectatrice (1728-1729),La Femme libre (1832-1834) ou La Voix des femmes (1848).
La bibliothèque conserve la quasi-totalité des titres féministes français du XIXe et XXe siècles, parmi lesquels, pour la « première vague », Le Droit des femmes, fondé en 1869, La Citoyenne fondée en 1881 par Hubertine Auclert l’une des premières suffragistes françaises, La Fronde fondée par Marguerite Durand en 1897, La Française fondée par Jane Misme en 1906, La Suffragiste fondée par Madeleine Pelletier en 1908, ou, pour la « seconde vague » et les titres du Mouvement de Libération des Femmes Le Torchon brûle, Histoires d’elles, Sorcières les femmes vivent, Les Femmes s’entêtent : la bibliothèque Marguerite Durand vient ainsi de contribuer très largement à la perséide FemenRev.
- 5 000 dossiers documentaires constitués depuis la fondation de La Frondeet classés par personnalités et par sujets ; ils comportent de très nombreuses coupures de presse, des tracts, des notices biographiques, des statuts d’associations, des invitations, des programmes, etc. et apportent une riche documentation aux chercheurs, sur des thèmes très variés.
- 4 500 lettres autographes et manuscrits, pour la plupart inédits, d’écrivaines, artistes, scientifiques, voyageuses, féministes, femmes politiques, journalistes (George Sand, Louise Colet, Louise Michel, Sarah Bernhardt, Colette, Alexandra David-Neel…)
- Un fonds iconographique ancien et moderne : portraits d’écrivaines, d’artistes, de femmes politiques, revendications et manifestations féministes, femmes au travail, mode et costumes régionaux, etc. à travers 3 500 cartes postales, plus de 5000 photographies, plus de 1 400 affiches, et un ensemble d’iconographie diverse (dessins, gravures, journaux illustrés)
- 77 fonds d’archives d’associations et de personnalités, parmi lesquelles Nelly Roussel, Jane Misme, Eugénie Cotton ou encore Anne Zelensky, Simone Iff ou Monique Piton (dernier fonds reçu). Actuellement, 18 fonds sont inventoriés (inventaires accessibles en ligne à partir du portail des bibliothèques patrimoniales et spécialisées & via le Catalogue Général des Manuscrits). La bibliothèque s’attache actuellement à la mise en ligne des fonds d’archives de Marguerite Durand & de La Fronde.
- Des tableaux, des gravures, des objets d’art, des documents de propagande féministe (timbres, buvards illustrés, jeu de l’oie et éventail suffragistes).
- A ces ensembles s’ajoutent pour finir des fonds sonores de grande valeur (support magnétique), peu, voire pas encore exploités à ce jour dans un cadre universitaire et scientifique. Ces fonds seront proposés à la numérisation à partir de 2022, afin de permettre à la fois la conservation des supports et la communication facilitée aux chercheurs et chercheuses, représentent des sources de toute première importance. Parmi ceux-ci, méritent d’être particulièrement mis en exergue trois fonds, signalés au Catalogue collectif de France (CCFr) & dont l’inventaire est consultable au CGM :
- Le fonds du groupe féministe Les Répondeuses: groupe informel, ayant œuvré de mai 1977 à janvier 1984 et dont les fondatrices semblent avoir été Mimi Bastille, Danielle Prévôt et Carole Roussopoulos.
- Le fonds Catherine Gonnard : journaliste et essayiste, spécialisée dans la littérature, l’histoire des femmes et l’homosexualité féminine. Dans les années 1980, elle participait au Mouvement d’information et d’expression des lesbiennes (MIEL) et à la fondation du Comité d’urgence anti-répression homosexuelle (CUARH), puis à la Maison des Femmes de Paris, Cinéffable, au Festival de films de femmes, au comité de rédaction du mensuel Homophonies (1980-1987) et fut rédactrice en chef de Lesbia Magazine (1989-1998)
- Le fonds Georgette Vacher : à partir de 1963, ouvrière spécialisée chez Calor, Georgette Vacher fut pendant presque vingt ans déléguée au comité d’entreprise, puis déléguée du personnel. En 1975, elle a été élue au bureau de l’union départementale de la CGT du Rhône, responsable du secteur féminin. Georgette Vacher avait enregistré, à partir de 1980, des carnets de notes, retranscrits et publiés avec quelques poèmes sous le titre Chacun compte pour un.
Pour en savoir encore davantage, la page Wikipedia de la BMD.